Dalil Boubakeur, invité de prestige à l'IICP
Le mardi 3 décembre, nos étudiants en 3ème et 4ème année de journalisme accueillaient Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris et Président du CFCM, pour une conférence exceptionnelle.
Nos jeunes journalistes étaient en charge d'animer la conférence et de produire plusieurs contenus. Découvrez vite une première réalisation.
« L’islam politique est un non sens »
Dalil Boubakeur, Recteur de la Grande Mosquée de Paris, Président du CFCM
IICP, mardi 3 décembre 2019
« Voile, étoile jaune, islam de France… », le Dalil Boubakeur, Recteur de la Grande Mosquée de Paris, était mardi face aux étudiants de l’IICP.
Alice Becquart : Vous avez écrit un livre : « Le choc des religions : juifs, chrétiens, musulmans, la coexistence est-elle possible ». Ce livre date de 2004. 15 ans après, avez-vous trouvé une réponse à cette question ?
Dalil Boubakeur : Entre 1945 à 1975, des musulmans travailleurs ont été cherchés dans leur pays pour remplir et aider l’industrie française. La loi 81 a aussi permis l’ouverture en France de nombreux de cultes et constructions de mosquées (3000 aujourd’hui en France). A l’époque il n’y avait qu’une mosquée : la Grande Mosquée de Paris (…). Aujourd’hui, nous pensons qu’il y a une réflexion à faire. Il y a un problème avec l’islam car beaucoup pratiquent un islam normal et puis il y a l’islam politique : l’islamisme. Ce qui est pour moi un non-sens, une déviation du message de l’islam.
A.B : Le 21 octobre dernier, Amélie De Montchalin, secrétaire d’Etat chargée des affaires étrangères avait dit sur BFM : « On a le droit de porter le voile, on n’a pas le droit de faire de l’islam un argument politique ». Que pensez-vous de cette déclaration ?
D.B : Il y a différentes formes d’islam. Voici le premier : l’islam culturel. Puis la deuxième école les Turcs (…), la troisième école celle du salafisme. La quatrième école qui a donné lieu au Wahhabisme. Cela a été l’école du littéralisme, de la rigueur, de la dureté dans la pratique qui a dicté aux musulmans une manière rigoureuse de pratiquer l’islam (…) C’est une école réactionnaire qui a émergé dans les pays d’Orient (…). Répandu dans ces pays mais aussi en France, c’est une école qui grâce à l’argent répand cette école politique. Ce qui met à mal la grandeur de l’islam dans le monde. L’islam aujourd’hui a trois défis à relever : la laïcité, la modernité, et troisièmement le fondamentalisme.
Eglantine Delaleu : Durant la marche contre l’islamophobie, plusieurs personnes ont porté des étoiles jaunes sur leur poitrine, signe de l’assimilation de l’islamophobie à l’antisémitisme des années 30-50. Que pensez-vous de ce geste et est-ce que la haine de l’islam est au même rang que la haine du judaïsme en 39-45 ?
DB : On ne peut pas dire que l’islamophobie aujourd’hui soit comparable à l’antisémitisme des années 30. Je suis allé été à Auschwitz, aux sources même de la Shoah. Véritablement c’est une catastrophe humaine. Il est impossible qu’il y ait la même chose que la Shoah. (…). Cela n’a rien à voir, si on veut parler d’islamophobie, je parlerai plus d’un problème à l’égard des musulmans avec l’opinion française.
Propos recueillis par Noelle Binet